Syndrome d’augmentation du SJSR

A retenir:

  • Survient sous traitement par Agoniste Dopaminergique
  • A évoquer devant une augmentation de la sévérité des symptômes.
  • Avance de l’horaire des symptômes, réponse paradoxale au traitement.
  • Prise en charge par un médecin expert.
  • Prévention du syndrome! Dose minimale efficace, et éducation du patient primordiale.
  • Ne pas chercher la correction totale des symptômes.

Définition:

Les critères diagnostiques du Syndrome d’Augmentation (SA), révisé en 2006, comprennent :

  • Une augmentation de la sévérité des symptômes au moins 5 jours par semaine, avec une bonne réponse initiale au traitement et l’absence d’autres facteurs explicatifs à cette aggravation.

Et l’un ou l’autre (ou les deux) de ces critères :

  • Une réponse paradoxale au traitement : aggravation à l’augmentation de la posologie et régression à sa réduction. Cette réponse paradoxale n’est pas immédiate.
  • Une avance de l’horaire d’apparition des symptômes : 4 heures plus tôt vis-à-vis de l’absence de traitement.
  • Ou 2 heures plus tôt avec un de ces critères : délai d’apparition des symptômes au repos plus court, symptômes touchant une autre partie du corps, intensité des symptômes plus sévères / augmentation des MPS, durée de période sans symptômes plus courte.

Certains de ces critères peuvent être difficiles à obtenir : l’heure d’apparition du début des symptômes sans traitement, si non recherchée lors du diagnostic, ou l’évaluation des symptômes, de l’efficacité du traitement et de l’avance horaire en cas de molécules à demi-vie longue.

Epidémiologie:

La fréquence du syndrome d’augmentation dépend de plusieurs facteurs de risques :

  • Une carence en fer ;
  • Des doses élevées de traitements dopaminergiques, notamment à demi-vie courte ;
  • La sévérité initiale du SJSR (qui implique des doses de traitement plus importantes) ;
  • Une longue durée d’exposition au traitement ;
  • Un âge élevé ;
  • Le faible nombre de consultations spécialisées (risque d’automédication).

Ainsi, une méta-analyse prenant en compte 60 études pour 11 000 patients retrouve une fréquence de SA de 5.6%. Pour la Pregabaline ou la Gabapentine, 0.9% des patients traités présenterait un SA. Des cas de SA ont également été rapportés sous Tramadol. Il reste possible qu’il s’agisse d’une fluctuation des symptômes plutôt que d’un SA.

En pratique:

Quatre questions peuvent permettre de guider le praticien (une réponse positive entrainant la recherche d’un SA) :

  • Les symptômes apparaissent-ils plus tôt par rapport à la période antérieure au traitement médicamenteux ?
  • Les doses doivent elles être augmentées, ou la prise de traitement avancée pour contrôler le SJSR ?
  • L’intensité des symptômes a-t-elle augmentée depuis le début du traitement ?
  • Les symptômes ont-ils diffusés vers d’autre partie du corps par rapport au début du traitement ?

Lorsque le diagnostic de SA est suspecté, le patient doit être orienté vers un médecin expert.

Une échelle de sévérité du SA, l’Augmentation severity rating scale, ASRS existe. Elle comporte 3 compartiments : l’heure de début des symptômes, latence d’apparition des symptômes au repos et diffusion des symptômes aux autres parties du corps. Un score > 5 est en faveur d’un SA.

Diagnostics différentiels:

  • Evolution naturelle du SJSR : lentement progressive (sur plusieurs années) avec nécessité d’augmenter progressivement les doses. Dans le SA, elle est sur quelques semaines, avec parfois une réaction paradoxale aux augmentations de posologies.
  • Fluctuation de la sévérité du SJSR : Nécessité d’éliminer les causes d’aggravation du SJSR : carence martiale, iatrogénie, mauvaise hygiène de vie, insomnie comorbide, mauvaise observance.
  • SJSR pharmaco résistant : cf article dédié.
  • Phénomène de tolérance : perte d’efficacité du traitement nécessitant une augmentation posologique : pas d’avance horaire, pas de symptômes plus intenses qu’avant le traitement. Il pourrait s’agir d’une phase précoce de SA.
  • Phénomène de rebond de fin de doses : symptômes au petit matin quand l’efficacité des traitements s’estompe. Moins présent avec les formes à libération prolongée. Pas d’atteinte d’autre partie du corps.
  • Auto-augmentation des doses dans le cadre d’une dysrégulation dopaminergique : source de mésusage avec augmentation jusqu’à des doses supra thérapeutiques responsables d’effets secondaires.

Prise en charge:

Stratégies de prévention du SA:

  • Utiliser la plus faible dose possible, sans chercher la correction totale des symptômes, ce qui n’entrainerait pas une bonne prise en charge à long terme.
  • En cas de traitement par agonistes dopaminergiques (non indiqués si symptômes moins de 3 à 4 fois par semaine) : pas de L-dopa, privilégier les demi-vies longues, la plus faible dose efficace, et augmenter la posologie en fonction des fluctuations de symptômes, mais également la diminuer dès que possible. 
  • Bien que sans AMM, les a2 ligands peuvent être prescrits en première intention afin de limiter le SA.
  • Un suivi régulier par un spécialiste est nécessaire, le SA ayant un début insidieux, difficile à diagnostiquer. Il est également primordial pour l’éducation du patient.
  • Restaurer les réserves de fer, et rechercher la cause d’une carence martiale.
  • Prise en charge des autres facteurs aggravants : iatrogénie, prise d’alcool, tabac, produits excitants, privation de sommeil. Prise en charge des comorbidités.

Stratégies de prise en charge :

Tous les principes vus plus haut reste évidemment d’actualité. L’explication des mécanismes générateurs du SJSR et du SA, mais également de l’aggravation prévisible lors de la phase de sevrage est primordiale afin d’obtenir une adhérence au traitement.

Formes légères à modérées du syndrome d’augmentation :

Evaluées par l’IRLS, avec une avance horaire, et à des doses infra maximales ou maximales. Le sevrage en AD n’est pas obligatoire.

Trois possibilités:

  • Rester sous le même AD mais : avancer la prise de l’AD à l’horaire d’apparition des symptômes, mieux répartir la dose dans la journée, en fonction des symptômes (attention à l’augmentation posologique qui peut aggraver le SA) ;
  • Changer le traitement dopaminergique : pour une demi-vie longue.
  • Ajouter un traitement par Pallier 2 ou 3 30 à 60 minutes avant l’apparition des symptômes.

Formes sévères du syndrome d’augmentation ou échec des mesures précédentes :

Qualifié via l’IRLS. Dans ce cas un sevrage en AD est nécessaire. Ce sevrage est réalisé par un médecin expert en SJSR. L’explication des modalités de sevrages, des enjeux du changement thérapeutiques est primordiale. Un suivi rapproché est également nécessaire.

Il existe trois stratégies de changement de traitement :

  • Un sevrage brutal de l’AD avec une période libre de 8 à 10 jours puis un traitement alternatif de manière rapidement progressive. Exigeante pour le patient. Elle permet cependant la réalisation d’une vidéo polysomnographie et la réaction paradoxale au traitement fait qu’il y a parfois une disparition ou amélioration des symptômes. La prise de paracétamol codéiné ou d’Oxnysia peut être utilisée transitoirement et ponctuellement lors du sevrage.
  • Sevrage progressif de l’AD, avec la même période libre de 8 à 10 jours. Meilleure acceptation par le patient mais le sevrage peut prendre plusieurs semaines (et donc laisser le patient dans un inconfort prolongé). Là encore l La prise de paracétamol codéiné (oxnysia ?) peut être utilisée transitoirement et ponctuellement lors du sevrage.
  • Diminution progressive de l’AD et instauration concomitante du nouveau traitement : la préférée des patients car la moins stricte, mais plus longue. On ne peut pas définir l’intensité des symptômes post sevrage et la réponse au nouveau traitement instauré.

S’il n’y a pas de réponse thérapeutique au nouveau traitement instauré, on parle alors de SJSR pharmaco-résistant (cf chapitre).

Mis à jour le


Sources :

– Syndrome d’augmentation dans le Syndrome des Jambes Sans Repos, SFRMS 2016: https://www.sfrms-sommeil.org/wp-content/uploads/2020/08/SJSR_MdS_SJSR-syndrome-daugmentation.pdf

Image: crédit image Bing Image Creator

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