Hypersomnie Idiopathique

Hypersomnie centrale rare, prévalence d’environ 1 sur 10 000. Age de survenue avant 30 ans la plupart du temps. Il existe des formes familiales (40%) sans qu’un gêne a été mis en cause.

La physiopathologie de l’hypersomnie idiopathique reste inconnue. Le diagnostic de certitude de l’HI est souvent difficile, du fait de l’absence de biomarqueur et de signe clinique spécifique de cette affection contrairement à la narcolepsie de type 1.

Historiquement, on distinguait deux formes d’hypersomnie idiopathique:

Avec allongement du sommeil nocturne

Sans allongement du sommeil nocturne.

Au final, les deux ont été regroupées, et il existe un continuum possible entre la forme sans et avec allongement, mais aussi avec la narcolepsie de type 2 (la différence étant l’endormissement en sommeil paradoxal, qui n’est pas toujours retrouvé).

Description clinique:

Les symptômes de l’HI sont souvent sévères et chroniques, nécessitant ainsi une prise en charge au long cours. Toutefois, ces symptômes peuvent disparaître avec les années (jusqu’à 50 % des patients), changer de sévérité voire de cadre nosologique.

Les patients présentent:

  • Une somnolence permanente, rarement pleinement éveillé.
  • Sommeil de nuit souvent de longue durée (9, 10, 11 heures), de bonne qualité, sans réveils.
  • Inertie du réveil marquée (plusieurs réveils, voir nécessité d’intervention d’une personne physique).
  • Altération de la vigilance suivant le réveil (ivresse du réveil), pendant plusieurs minutes voir heures.
  • Les accès de sommeils diurnes sont long, avec difficulté au réveil, et ne sont pas réparateurs.

Attention: difficile à différencier d’une privation chronique de sommeil : test par un allongement du temps passé au lit, sur une semaine : s’agit il d’un long dormeur privé de son temps de sommeil ?

De même, une dépression est à rechercher, un des symptômes fréquent étant la somnolence: avis psychiatre ou test thérapeutique par antidépresseurs.

Diagnostic:

Il s’agit d’un diagnostic d’élimination : l’hypersomnolence et les résultats des examens ne doivent pas être mieux expliqués par l’existence d’autres pathologies du sommeil, médicales ou psychiatriques, la prise de toxiques ou de médicaments.

Cliniquement:

Elle se caractérise par la présence depuis au moins trois mois d’une somnolence excessive caractérisée par un besoin irrépressible de dormir ou des endormissements dans la journée, en l’absence de cataplexie. Les caractéristiques décrites plus haut sont à rechercher.

Le bilan paraclinique :

Un sevrage de psychotropes devra être réalisé avant l’enregistrement. Sinon, le diagnostic ne pourra pas être formellement reconnu.

L’hypersomnolence doit être objectivée par une latence d’endormissement moyenne au TILE ≤ 8 minutes et/ou un temps total de sommeil sur 24 heures ≥ 11 heures sur un enregistrement polysomnographique continu de 24 heures après correction d’une privation de sommeil chronique.

  • Une actimétrie de 7 jours en période hors contrainte permettra d’éliminer une privation de sommeil.
  • Un enregistrement polysomnographique avec TILE suivi immédiatement d’un enregistrement continu sur au minimum 24 h

La polygraphie objective:

  • un temps de sommeil de plus de 6 heures, avec une efficacité de sommeil souvent supérieure à 90 %
  • Elle élimine:
  • une fragmentation excessive du sommeil caractérisée par des éveils et micro-éveils trop fréquents (> 15/h)
  • la présence d’évènements respiratoires (> 15/h)
  • de mouvements périodiques des jambes trop fréquents (> 15/h)

Le Test Itératif de Latence d’Endormissement (TILE):

  • peut confirmer le diagnostic d’HI si la latence moyenne d’endormissement est inférieure ou égale à 8 minutes.
  • pas plus d’un endormissement en sommeil paradoxal (sinon narcolepsie).
  • Toutefois, des valeurs normales aux TILE n’excluent pas le diagnostic d’HI.

En fonction du contexte clinique:

Un bilan biologique (sanguin ou urinaire) à la recherche d’un syndrome inflammatoire ou infectieux, d’une pathologie endocrinienne, une recherche de toxiques, voire une IRM cérébrale à la recherche d’une lésion cérébrale pourront être envisagés.

Le typage HLA dans le contexte d’une suspicion d’HI n’est pas informatif, de même que le dosage de l’hypocrétine-1 dans le liquide céphalorachidien.

Prise en charge :

Elle est détaillée ici.

La procédure d’annonce du diagnostic comprend:

  • une éducation thérapeutique du patient concernant sa maladie, son pronostic et son traitement, ainsi que des explications sur les connaissances actuelles sur la maladie;
  • soutien psychologique si besoin;
  • nécessité de l’évaluation régulière de l’efficacité et de la tolérance de la prise en charge thérapeutique;
  • une information concernant les risques de somnolence lors la conduite automobile:
  • il est recommandé de ne pas conduire durant la période du bilan diagnostique, de l’instauration et de l’adaptation du traitement
  • une information doit être donnée sur la nécessité d’une réévaluation de la maladie sans traitement stimulant après quelques années d’évolution
  • proposition de se rapprocher de l’Association de patients (ANC)

Un cas rare d’hypersomnie: Le Syndrome de Kleine-Levin

Le syndrome de Kleine-Levin est une maladie neurologique rare (un à deux cas/million) d’origine inconnue. Il fait partie des hypersomnies intermittentes ou récurrentes (idiopathiques).

C’est une affection neurologique très rare, touchant principalement les adolescents, 3 sur 4 de sexe masculin, âgés de 15 à 20 ans et n’ayant pas d’antécédents familiaux ou personnels particuliers.

Il associe:

  • Une hypersomnie par accès:
  • 12 à 24 heures par jour
  • Pendant plusieurs jours à plusieurs semaines (voir mois!)
  • Associée à des troubles du comportements:
  • boulimie,
  • hypersexualité : masturbations publiques ou des avances amoureuses inadaptées;
  • humeur changeante, agressivité.
  • L’adolescent va avoir des trous de mémoires, des difficultés à se concentrer sur son travail, une impression d’irréalité des personnes ou des objets… 
  • Plus rarement, des hallucinations auditives et visuelles plus ou moins effrayantes à l’endormissement.

Les facteurs déclenchants sont banals comme des épisodes infectieux généraux ou O.R.L., des traumatismes crâniens, une alcoolisation aiguë, une anesthésie générale…

Evolution:

Les accès sont spontanément résolutifs, en quelques jours à quelques semaines (durée moyenne 10 jours).

Entre les épisodes, existent des périodes de répit dont la durée varie beaucoup selon les personnes et pour une même personne, en moyenne plusieurs mois mais parfois plusieurs années.
Les accès surviennent pendant plusieurs années, avec un comportement tout à fait normal entre les phases.

Diagnostic:

 Il est clinique, les examens complémentaires sont là pour éliminer d’autres formes d’hypersomnies rares ou une maladie psychiatrique, toujours possible.

Prise en charge:

Protéger le jeune contre les excès qu’il pourrait être amenés à commettre, éducation thérapeutique, et rappeler que cet état est toujours transitoire.

Au niveau médicamenteux, l’Amantadine peut être utilisée lors des accès (effet modeste), et les thymorégulateurs (Lithium, Valproate) peuvent être utilisés en traitement de fond. Cela relève évidemment des centres de référence.

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