Pour aller plus loin: Hypersomnolence

Le concept d’hypersomnie a été remplacé par celui d’hypersomnolence. Elle se traduit par:

  • Une quantité excessive de sommeil de nuit et/ou de jour (classiquement >10h /24h), on parle d’hypersomnie;
  • et / ou une somnolence excessive, c’est à dire une altération de la qualité de la veille définie par une incapacité à maintenir un niveau de vigilance satisfaisant la journée;
  • et / ou une inertie du réveil (difficulté à atteindre un état d’éveil complet après le réveil).

Attention, l’hypersomnolence est à différencier de la fatigue (qui suit un effort musculaire ou un manque de sommeil, et est résolutive par le repos), de l’apathie (absence d’énergie ou de motivation, souvent associée à une réduction des affects) ou de la clinophilie (au cours de laquelle le sujet passe beaucoup de temps au lit, mais sans dormir), retrouvée dans les troubles de l’humeur par exemple.

Pour retenir le caractère pathologique de l’hypersomnolence, il faut:

  • Une fréquence d’au minimum deux accès de sommeil ou d’incapacité à rester alerte par jour ;
  • Au moins trois jours par semaine ;
  • Pendant au moins trois mois.

Avec cette définition, prévalence de 4.7% de la population générale, 1.5% après exclusion des conditions comorbides (iatrogènes, troubles psychiatriques, neurologiques…).

Un enjeu de santé publique:

L’hypersomnolence entraine une baisse des performances académiques et professionnelles, ainsi que des accidents domestiques, de travail et surtout de la voie publique.

La somnolence excessive est la première cause de mortalité sur les autoroutes, responsable d’un tiers des accidents mortels sur les autoroutes en France!

La somnolence excessive et l’hypersomnie sont aussi associées à une augmentation de la mortalité, notamment de cause cardio ou cérébrovasculaire.

Cause de la somnolence:

On retrouve en premier lieu la privation chronique de sommeil, du fait d’un évènement de vie (naissance, stress…), de mauvaises habitudes de sommeil (fiche conseil), avec ou sans les critères d’insomnie.

La somnolence peut également être iatrogène:

  • Anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques
  • Anti histaminiques
  • Anti épileptiques
  • Agonistes dopaminergiques
  • Antihypertenseurs
  • Antalgiques…

Certaines pathologies entrainent également une somnolence:

  • pathologies psychiatriques (trouble anxieux, bipolarité, épisode dépressif…)
  • pathologies neurologiques (Alzheimer, Parkinson, Sclérose en plaque, AVC…)
  • Diabète, hypothyroïdie, insuffisance rénale chronique, cirrhose…
  • Infectieuses (EBV…)

On retrouve enfin les pathologies liées au sommeil:

  • Insomnie
  • SAHOS
  • SJSR
  • Narcolepsie de type 1 et 2
  • Hypersomnie idiopathique

Evaluation de la somnolence:

Les mesures objectives de la somnolence:

  • Le test itératif de latence d’endormissement (TILE): Le sujet, allongé dans un lit, a pour consigne lors de 5 sessions réparties tout au long de la journée, « Allongez-vous calmement, fermez les yeux et ne luttez pas contre le sommeil ». A chaque session, la latence d’endormissement (le temps mis pour s’endormir) est recherché.
  • Il est considéré pathologique quand la latence d’endormissement moyenne est en dessous de 10 ou 8 minutes.
  • Limites: Si effets de la privation de sommeil, de la prise de sédatifs ou d’excitants; il existe une variabilité interindividuelle; le stress de l’hospitalisation peut fausser le test.
  • Le test de maintient d’éveil (TME): Le sujet, installé dans un fauteuil en semi-pénombre, a comme consigne lors de 4 sessions sur la journée: « Restez éveillé, luttez contre le sommeil le plus longtemps possible : gardez les yeux ouvert, regardez devant vous ». Le test s’interrompt au bout de 40 minutes si pas d’endormissement.
  • Utilisé généralement pour tester l’efficacité des traitements d’hypersomnolence.
  • Réglementaire pour la reprise de la conduite automobile.
  • L’enregistrement du sommeil en continu « ad libitum » sur une durée d’au moins 24 heures: intérêt majeur pour quantifier l’excès de sommeil nocturne.
  • Il est considéré pathologique si plus de 10h par nuit ou 11h de sommeil sur 24h ou si > 19h sur 32h d’enregistrement, selon les centres.

Mesures subjectives de la somnolence:

  • L’échelle d’Epworth: la plus utilisée à ce jour.
  • Demande au sujet d’évaluer la probabilité de s’endormir ou de somnoler dans 8 situations de la vie quotidienne, entre 0 (aucun risque) à 3 (risque élevé).
  • Le score est fiable, reproductible avec une bonne fiabilité.
  • Normal de 0 à 10, pathologique au-delà.

Il n’existe pas à ce jour de mesure biologique de la somnolence, cette dernière correspondant à une dimension multifactorielle résultant notamment de la balance entre la capacité à rester éveillé et de la propension à s’endormir.

Concernant les hypersomnolences d’origine centrale (Narcolepsie de type 1 et 2, hypersomnie idiopathique), la prise en charge de ces troubles relève du spécialiste et des centres de référence.

Néanmoins, le médecin généraliste reste au premier plan car ces pathologies sont souvent sous diagnostiquées ou avec un délai diagnostic très long.

Certains points d’appel doivent amener le praticien à évoquer ces pathologies:

  • somnolence très sévère
  • début chez le sujet jeune
  • prise de poids importante associée
  • présence de cataplexie…

Mis à jour le


Sources :

– Consensus: Hypersomnolence: évaluations et limites nosographiques, SFRMS 2015: https://www.sfrms-sommeil.org/wp-content/uploads/2020/08/Consensus.-Hypersomnolence--e%CC%81valuation-et-limites-nosographiques--Elsevier-Enhanced-Reader.pdf

– Dossier Ameli sur la somnolence diurne: https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/somnolence-diurne/definition-symptomes-causes-consequences

– Recommandations pour le bilan et la prise en charge de la somnolence résiduelle dans le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil: https://www.em-consulte.com/article/1609175/article/recommandations-pour-le-bilan-et-la-prise-en-charg

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