Les Troubles du Rythme Circadien Veille-Sommeil

A retenir:

  • A évoquer devant une plainte d’insomnie et de somnolence
  • Le TRCVS peut être intriqué aux autres troubles du sommeil
  • A rechercher systématiquement dans les populations à risque: retard de phase et adolescence, avance de phase et patient âgé en institution
  • Comorbidités neurodéveloppementales: le traitement du TRCVS est complémentaire et primordial.
  • Comorbidités psychiatriques: facteur de vulnérabilité, de rechute, de pharmacorésistance… La prise en charge du TRCVS est primordiale et le dépistage d’un trouble psychiatrique chez un patient avec TRCVS est recommandé.
  • Comorbidité neurodégénérative: ces patients sont très vulnérables face au TRCVS, et la prise en charge du TRCVS s’intègre dans le traitement de la maladie.

Ils résultent de la perturbation de l’horloge biologique endogène, ou de sa synchronisation avec l’environnement.

  • Les TRCVS intrinsèques:
  • Le syndrome de retard de phase
  • Le syndrome d’avance de phase
  • Les rythmes veille / sommeil irréguliers
  • Les rythmes différents de 24 heures
  • Les TRCVS extrinsèques:
  • Liés au travail de nuit
  • Liés au décalage horaire
  • Troubles non spécifiés

Le diagnostic des TRCVS

Critères de diagnostiques communs:

  • La perturbation est en lien avec une altération du rythme circadien endogène, ou avec une perturbation de celui ci et le rythme veille-sommeil souhaité
  • Cette perturbation a un retentissement: insomnie et/ou somnolence diurne excessive
  • Elle est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative, avec des répercussions dans différents domaines majeurs: mental, social, professionnel, cognitif, physique…
  • Evolution depuis plus de 3 mois (sauf pour le décalage horaire)
  • Perturbation non expliquée par un autre trouble (sauf TRCVS non spécifié)
  • Trouble étayé par un agenda du sommeil et idéalement par une actigraphie sur 14 jours (avec période de travail et de repos/vacances)

On distingue bien les TRCVS endogènes et extrinsèques, mais un TRCVS peut être aggravé par l’environnement, et des caractéristique endogène peuvent aggraver un TRCVS extrinsèque.

Le syndrome de retard de phase:

  • Retard de l’épisode majeur de sommeil: incapacité à s’endormir et difficultés à se réveiller aux horaires nécessaires.
  • Amélioration du sommeil (qualité et quantité) lorsque les horaires de prédilection du patient sont respectées (vacances).

La plainte du patient est surtout l’inertie du réveil, et la somnolence diurne du fait d’une dette de sommeil, qui prédomine en début de journée.

Facteurs contribuants: chronotype du soir, comportemental et motivationnel (utilisation des écrans, être le dernier debout de la maison…)

Fréquent chez les adolescents et jeune adultes (7 à 13%) et lors des insomnies (10%) avec une intrication entre les deux troubles.

r

Le syndrome d’avance de phase:

  • Précocité significative de l’épisode majeur de sommeil, avec difficultés à rester éveillé et incapacité à rester endormi aux horaires nécessaire.
  • Amélioration du sommeil (qualité et quantité) lorsque les horaires de prédilection du patient sont respectées.

Les plaintes sont plutôt une insomnie de maintient du sommeil, un réveil précoce, une somnolence en soirée.

Facteurs contribuants: chronotype du matin, comportemental (coucher précoce en institution par exemple).

Touche principalement les sujets âgés. Prévalence estimée à 1% en population générale.

Les rythmes veille-sommeil irréguliers:

  • Episodes irréguliers de sommeil et de veille, avec insomnie la nuit, somnolence ou sieste la journée.
  • Sur agenda du sommeil ou actimétrie: pas d’épisode majeur de sommeil mais plutôt 3 épisodes ou plus, irréguliers sur 24h.

Les plaintes sont principalement l’insomnie et la somnolence diurne excessive. Il n’y a généralement pas d’épisode de sommeil > à 4 heures.

Il touche principalement les patients atteints de maladie neurodégénérative (Alzheimer, Parkinson, Huntigton) et les enfants avec un trouble du développement (TSA)

Le rythme différent de 24 heures:

  • Insomnie et somnolence diurne, en alternance avec des périodes sans symptômes.
  • Sur l’agenda du sommeil ou l’actimétrie: période veille-sommeil retardée chaque jour (de 30min/1heure) en lien avec la période circadienne supérieure à 24h.

Il est fréquent en cas de cécité! Touche jusqu’à 50% des personnes non voyantes. Très rare chez le patient sans cécité.

La désadaptation en horaire décalées ou travail de nuit:

L’article est disponible ici.

A noter que les symptômes peuvent persister même après le retour à un travail de jour, ou la retraite. Il touche entre 10 et 38% des personnes travaillant avec horaires atypiques.

Les troubles liés au décalage horaire:

  • Insomnie / Somnolence diurne avec réduction du temps de sommeil, suite à un vol avec changement de fuseau horaire de 2 ou plus.
  • Et un retentissement somatique pendant quelques jours (malaise, trouble digestif, mauvais fonctionnement en journée…)

Persistance des symptômes pendant 1 jour par fuseau horaire de décalage, en moyenne.

Il est plus fréquent lors des voyages vers l’est!

Les TRCVS non spécifiés:

  • Présence des critères communs aux TRCVS, mais troubles expliqués par une pathologie médicale.
  • Absence de critères des autres sous types spécifiques.

Fréquemment rencontrés lors des pathologies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, Huntigton) ou de trouble du développement.

Les comorbidités dans les TRCVS:

Les TRCVS possèdent de nombreuses comorbidités. Les plus connues sont les troubles neurodégénératif, neurodéveloppementaux et psychiatriques. Les répercussions métaboliques, immunitaires, cardiovasculaires sont abordées dans le travail de nuit.

Les comorbidités neurodéveloppementales:

Les patients atteints du trouble du spectre autistique ont fréquemment des troubles du sommeil et des rythmes veille-sommeil. Ils pourraient être en lien avec:

  • L’altération de la sécrétion de mélatonine (qui a été mise en évidence chez les TSA sévères)
  • La présence de polymorphisme dans les gènes jouant sur la synthèse et le métabolisme de la mélatonine.

Ainsi, la mélatonine exogène a l’AMM dans l’insomnie chez les patients présentant un trouble du spectre autistique: Slenyto Vidal / RCP disponible en 1mg LP et 5mg LP.

La prise en charge des TRCVS améliore le tableau clinique et potentiellement la trajectoire développementale des TSA.

Le trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité: pourrait avoir une physiopathologie commune avec les TRCVS à type de retard de phase (gènes impliqués dans les deux pathologies). Les TRCVS majorent les effets du TDAH, ainsi leurs prise en charge fait partie de l’arsenal thérapeutique.

Les comorbidités psychiatriques:

Les TRCVS ont une prévalence importante chez les patients avec un trouble psychiatrique. Un TRCVS est un facteur de vulnérabilité, de rechute, de pharmacorésistance, de risque suicidaire et de risque de symptômes résiduels.

  • Dans les troubles de l’humeur (bipolarité, épisode dépressif, trouble affectif saisonnier): le traitement d’un retard de phase (luminothérapie matinale, privation de sommeil en fin de nuit, psychoéducation) ont fait preuve de leur efficacité.
  • Dans la schizophrénie: on note souvent une irrégularité des cycles veille-sommeil, qui peuvent être un prodrome de la pathologie.

Les comorbidités neurodégénératives:

La fragmentation du rythme veille-sommeil avec réveil nocturne et somnolence diurne est prépondérante et peut être le prodrome de la maladie. L’effet du traitement des TRCVS dans la maladie d’Alzheimer ou dans la maladie de Parkinson reste incertain.

Ce schéma (issu de l’article Diagnostic et comorbidités des TRCVS, voir source) résume les principales comorbidités du TRCVS:

Mis à jour le


Déclic Sommeil > Chronobiologie et Travail de nuit > Les Troubles du Rythme Circadien Veille-Sommeil