Syndrome des Jambes Sans Repos: le traitement

A retenir:

  • Expliquer l’absence de guérison possible, et l’objectif des traitements: soulager les symptômes sans les éradiquer!
  • Reprendre l’hygiène de vie.
  • Carence martiale à rechercher et à traiter, systématiquement.
  • Posologie minimale efficace à rechercher.

Prérequis avant l’initiation du traitement:

Avant d’initier le traitement, il est nécessaire d’avoir posé le diagnostic de certitude du SJSR, de rechercher les facteurs aggravants et les comorbidités, et d’évaluer la sévérité du SJSR.

Il faut expliquer au patient la physiopathologie du syndrome des jambes sans repos, notamment de l’absence de guérison de ce dernier.

Avant d’envisager un traitement médicamenteux :

  • Se poser la question d’arrêter les traitements aggravant (Antidépresseurs, neuroleptiques, lithium, antihistaminiques, oxybate de sodium)
  • Insister sur les conseils d’hygiène de vie, qui permettent de minimiser les symptômes du SJSR.

L’hygiène de vie dans le SJSR:

  • Appliquer des horaires veille-sommeils réguliers
  • Se détendre avant l’endormissement
  • Eviter les écrans avant l’endormissement
  • Ne pas dormir dans des pièces trop chaudes
  • Pas d’activité physique le soir
  • Eviter l’alcool (surtout vin blanc, champagne), le café, la nicotine
  • Avancer l’heure du coucher (pour éviter d’être au maximum des symptômes au moment de l’endormissement)
  • Conseiller une activité intellectuelle minutieuse

Prise en charge d’une carence martiale:

Elle est à rechercher et à traiter systématiquement avant de démarrer un traitement du SJSR. La cause de cette carence martiale est également à rechercher.

L’objectif est d’avoir une ferritinémie > à 50 (ou 75) ug/L.

Le traitement per os est proposé en première intention mais le traitement intraveineux est une option alternative en cas de mauvaise tolérance ou efficacité du traitement per os. Le traitement intraveineux peut être proposé d’emblée en cas de forme très grave du SJSR.

Lien vers la prise en charge de la carence martiale.

Les agonistes dopaminergiques:

Il existe trois molécules avec l’AMM : le pramipexole, le ropirinole et la rotigotine. Ils sont indiqués pour le SJSR modéré à très sévère (IRLS > 10).

  • Le pramipexole : Demi-vie de 8 à 12 heures, et une efficacité 1 à 2 heures après la prise. La dose initiale recommandée est de 0.09mg, soit ½ cp de 0.18mg. Elle peut être augmentée tous les 4 à 7 jours si nécessaire, jusqu’à une dose maximale de 0.54mg. En cas de symptômes prolongés, une libération prolongée existe, mais hors AMM. VIDAL / RCP
  • Le ropirinole : Demi-vie de 6 heures et une efficacité 1 à 2 heures après la prise. La dose initiale est de 0.25mg, à augmenter après 2 jours à 0.5mg, puis une augmentation de 0.5mg par semaine est possible jusqu’à une dose maximale de 2 mg. De même une libération prolongée existe, mais hors AMM. VIDAL / RCP
  • La rotigotine : Dispositif transcutané, à changer quotidiennement. La dose initiale recommandée est d’un patch de 2mg par jour (voir ½ patch), a augmenter à 3 mg si nécessaire, après un mois (1 patch + ½). Ce traitement est à privilégier si les symptômes durent plus de 8 heures. VIDAL / RCP

Effets indésirables des agonistes dopaminergiques non ergotés :

Ils sont mieux tolérés dans le SJSR que dans la maladie de parkinson, probablement du fait des posologies plus basses et d’une prévalence plus faible de comorbidités.

  • Syndrome de dysrégulation dopaminergique (trouble du contrôle des impulsions)
  • Nausées, céphalées, somnolence, agitation, confusion, hypotension orthostatique, hallucinations, naso-pharyngites.
  • Syndrome d’augmentation du SJSR cf article.

Bien avertir les patients du risque de trouble du contrôle des impulsions.

Les antiépileptiques :

Ces molécules n’ont pas l’AMM pour le SJSR en France, malgré plusieurs études montrant leur efficacité.

  • La Gabapentine : peut être proposée (hors AMM) sur une prise le soir, en augmentant progressivement la dose jusqu’à un maximum de 1200mg le soir (ou 2400 mg par jour). VIDAL / RCP La Gabapentine enacarbil (précurseur de la Gabapentine à libération immédiate) est recommandée à l’international en première intention du fait de son absence de syndrome d’augmentation. Ce traitement n’est pas disponible en France pour le moment.
  • La Pregabaline : La posologie débute à 25mg/jour jusqu’à un maximum de 200mg/jour. Elle est plus sédative que la gabapentine et sa prescription se fait sur ordonnance sécurisée. VIDAL / RCP
  • Le Clonazépam : Il n’est pas recommandé en première intention du fait des risques iatrogéniques : pharmacodépendance, altération des fonctions cognitives, risque de chute. Il peut être utilisé lors des périodes d’exacerbation. VIDAL / RCP

Les opioïdes :

L’Oxsynia, association d’oxycodone et de naloxone, a l’AMM pour le SJSR depuis 2023. Sa prescription se fait sur ordonnance sécurisée. VIDAL / RCP

Le Tramadol peut également être utilisé. VIDAL / RCP

Paracétamol codéiné: à prendre de manière ponctuelle. VIDAL / RCP

La dose efficace la plus faible doit être recherchée.

Effets indésirables : pharmaco dépendance, fatigue, constipations, céphalées, nausées, somnolence.

Quel traitement choisir :

SJSR léger:

Application des règles d’hygiène de vie et traitement à la demande (Tramadol / paracétamol codéiné)

SJSR modéré à très sévère:

  • Si forme très sévère, dépression comorbide, risque de chutes, obésité, insuffisance rénale, Mouvements périodiques à la polysomnographie : préférer les agonistes dopaminergiques.
  • Si la composante douloureuse est prédominante, ou que le patient présente d’autres douleurs, qu’il s’associe une anxiété, une insomnie ou des troubles du contrôle des pulsions, on peut préférer la Gabapentine ou la Pregabaline, malgré l’absence d’AMM (plutôt Gabapentine). Il ne sont pas efficaces sur les mouvements périodiques mais ne provoquent pas de syndrome d’augmentation.
  • Les Opioïdes représentent une alternative et peuvent être utilisés au long cours ou ponctuellement, seuls ou en association avec les traitements suscités.

Ne pas hésiter à changer de classe si le traitement apparait peu / pas efficace. Si efficacité partielle, la bithérapie peut permettre d’éviter une escalade de posologie.

L’objectif est de réduire la plainte du patient mais pas de faire disparaitre les symptômes, ce qui entrainerait mauvaise prise en charge au long terme (risque d’escalade thérapeutique).

La première prescription est idéalement faite par un neurologue ou un médecin spécialiste du sommeil. Un suivi rapproché initial est nécessaire, puis annuel une fois le traitement équilibré.

Particularité chez la femme enceinte:

Les agonistes dopaminergiques ne peuvent pas être utilisés. En fonction du retentissement, les opioïdes ou les benzodiazépines peuvent être utilisés, en prenant en compte le risque de sevrage néonatal.

Mis à jour le


Sources :

– Traitement du syndrome des jambes sans repos nouvellement diagnostiqué. SFRMS 2016: https://www.sfrms-sommeil.org/wp-content/uploads/2020/08/SJSR_MdS_TTT-SJSR-nouvellemnt-diagnostique%CC%81.pdf

– European guidelines on management of restless legs syndrome: report of a joint task force by the European Federation of Neurological Societies, the European Neurological Society and the European Sleep Research Society: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22937989/

Image: crédit image Freepik.com

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