Traitement des TRCVS et Luminothérapie

Le traitement des TRCVS vise à resynchroniser l’horloge biologique. Pour ce faire, on peut se reposer sur les principes d’hygiène du sommeil et notamment sur la régularité des heures de lever (retard de phase) et coucher (avance de phase). D’autres mesures vont avoir un effet de synchroniseur de l’horloge circadienne: l’activité physique, l’activation psychophysiologique, l’horaire de prise des repas… Parmi eux, l’effet de la lumière reste de loin le plus efficace.

Luminothérapie en pratique:

  • La lampe est posée sur le bureau ou accrochée au mur.
  • Luminosité de 2500 à 10 000 lux à 30/40 cm du patient.
  • Pas d’infrarouge ou d’ultraviolet (risques oculaires).
  • Ne pas fixer la lampe! Le sujet se met en face et peut travailler, lire, faire du sport, être sur des écrans…
  • Etre dans un environnement lumineux normal et pas dans l’obscurité.
  • Certains centre du sommeil proposent de la luminothérapie, sinon le patient se procure une lampe et le fait à domicile.

LED et risques sanitaires: rapport de l’ANSES:

  • Effet dépendant de l’âge: la filtration de la lumière bleue est dépendante du cristallin: les effets néfastes sont d’autant plus importants que le cristallin est clair, donc chez les enfants.
  • Toxicité de la lumière bleue sur la rétine, à court terme et à long terme (DMLA).
  • Perturbation de l’horloge circadienne: effet recherché en luminothérapie mais particulièrement néfaste le soir avant le coucher (retard de phase). Voir le site internet declic-ecrans.com pour plus d’informations.
  • Le rapport de l’Anses

La Luminothérapie:

Les effets de la lumière sur l’horloge circadienne ont fait l’objet de plusieurs études scientifique, et son effet est établi.

Cependant, il dépend de plusieurs paramètres:

  • L’intensité lumineuse
  • La durée de l’exposition
  • L’heure de l’exposition
  • La longueur d’onde lumineuse
  • L’historique lumineux.

L’intensité lumineuse:

Plus la lumière est intense, plus elle a d’effet sur la synchronisation de l’horloge biologique. Cependant cette relation n’est pas linéaire et on observe un phénomène de saturation et une augmentation des risques notamment oculaires. Les effets d’une pièce normalement éclairée (100-300 lux) ont des effets significatifs.

Ainsi, le SFRMS recommande une intensité lumineuse entre 2500 et 10 000 lux.

La durée de l’exposition:

De même, on observe une progression non linéaire en fonction de l’exposition:

  • Retard de l’horloge d’une heure environ pour 12 minutes d’exposition
  • Contre 3 heures pour 6 heures d’expositions.

On recommande une exposition de 30 minutes à 2 heures par jour.

Effet de l’heure d’exposition:

  • Exposition entre 17h et 5h du matin: effet de retard de phase
  • Exposition entre 5h du matin et 17h: effet d’avance de phase

L’exposition à la lumière à 17 heures est celle qui a le moins d’impact. L’exposition proche des heures de coucher et de lever est la plus importante.

Effet de la longueur d’onde de la lumière:

Les longueurs d’ondes qui ont le plus d’impact sur l’horloge biologique sont les longueurs d’ondes courtes (480nm): les lumières bleus, blanches, dites froides. En théorie, les lumières bleus sont les plus efficaces: chez l’animal, une lumière bleu à 50 lux présente des effets comparables à une lumière blanche de 500 lux.

En pratique, on ne note pas de différence significative pour une durée d’exposition de 1 à 2 heures.

Concrètement:

  • Les lumières dites « froides » ont le plus d’impact sur l’horloge biologique. Elles sont donc privilégiées en luminothérapie. La lumière bleue, prépondérante dans les écrans, peut donc entrainer un retard de phase si utilisée avant le coucher!
  • Les lumières dites « chaudes » ont peu d’impact sur l’horloge biologique et sur l’inhibition de la sécrétion de mélatonine. Une étude a montré que sont utilisation avant le coucher pourrait faciliter le sommeil.

Effet de l’historique lumineux:

Moins on a été exposé à la lumière dans la journée et plus celle ci aura un impact fort: si on passe la journée dans sa chambre volets fermés, une exposition tardive aux écrans sera bien plus délétère que si l’on a été dehors au soleil toute la journée.
Cet effet d’historique lumineux est pour l’instant sans applications cliniques.

Les traitements des TRCVS:

Le retard de phase:

Au niveau de la luminothérapie:

  • Une exposition de 30 min à 2 heures par jour, au moment de l’heure de lever souhaitée, et par période de 3 semaines.
  • Hygiène de lumière: baisse de l’intensité lumineuse le soir, port de lunettes sombres après 17h, pas d’écrans une heure avant le coucher.
  • Conseils aux patients de « se coucher tôt ».

On y associe les autres synchroniseurs de l’horloge biologique: activité physique le matin et activité calme le soir.

La mélatonine peut être bénéfique par son effet régulateur des rythmes du sommeil, mais uniquement associée aux autres mesures.

Pour le retard de phase avancé:

Chronothérapie par retard de phase: on décale progressivement l’heure de coucher de 3h, pour reprogrammer le sommeil sur la nuit, en 8 jours environ.

  • Exemple: coucher habituel à 2h du matin : le lendemain coucher à 5h du matin, puis 8 heures, puis 11 heures etc… jusqu’à arriver à une heure de coucher de 11h du soir.

Très efficace, elle requiert une forte volonté et adhérence du patient : il faut bien respecter les horaires, sans sieste la journée, malgré la fatigue initiale.

L’avance de phase:

Au niveau de la luminothérapie:

  • Une exposition de 30 min à 2 heures par jour, en début de soirée et par période de 3 semaines.
  • Hygiène de lumière: baisse de l’intensité lumineuse le matin, lunettes de soleil, pas d’écrans au réveil. Exposition au soleil en fin d’après midi.

La encore on y associe les autres synchroniseurs de l’horloge biologique: activité calme le matin, activité physique en fin d’après midi ou dans la soirée.

Le travail posté ou travail de nuit:

Voir article dédié. En résumé: exposition à la lumière en début de prise de poste, obscurité totale pendant l’épisode de sommeil.
L’utilisation de lunettes de soleil sur le trajet du retour peut aider, mais attention au risque de somnolence accru!

Le Jet-Lag:

Voyage vers l’Ouest:

  • Exemple: voyage vers les Etats Unis ou le Brésil: on avance sa montre de 6h, l’horloge biologique est donc en retard de 6 heures: il faut lutter pour rester éveillé.
  • Favoriser l’exposition lumineuse de midi à minuit (heure locale) et minimiser l’exposition le matin (lunette de soleil)

Voyage vers l’Est:

  • Exemple: voyage vers la Chine: on retarde sa montre de 6 heures: l’horloge biologique est donc en avance de 6 heures: trouver le sommeil est difficile.
  • Favoriser l’exposition le matin pour resynchroniser son horloge biologique.

Rythmes différents de 24 heures:

Pour les personnes non voyantes mais percevant encore la lumière:

  • Période intrinsèque supérieure à 24h: exposition lumineuse le matin, de 30 min à 2 heures par période de trois semaines.
  • Période intrinsèque inférieure à 24h: exposition lumineuse le soir avant le coucher, de 30 min à 2 heures par période de trois semaines.

Mis à jour le


Sources :

– Diagnostic et comorbidités des troubles du rythme veille-sommeil, La Presse Médicale 2018;47(11-12P1):1003-9; republié ici: https://www.sfrms-sommeil.org/wp-content/uploads/2020/08/Republication-de--Le-traitement-par-la-lumie%CC%80re-des-troubles-circadiens-du-rythme-veille-sommeil--Elsevier-Enhanced-Reader.pdf

– Rapport de l’Anses sur l’Effet sur la santé humaine et l’environnement des diodes électroluminescentes (LED): https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2014SA0253Ra.pdf

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