Travail de nuit et Sommeil
En France, 1 travailleur sur 5 (20 à 25%) a des horaires de travail décalées, régulièrement ou ponctuellement et ceci n’a pas tendance à diminuer mais plutôt à augmenter, notamment chez les femmes et chez les moins de 30 ans.
Définitions:
Le plus souvent, les équipes de salariés sont alternantes avec une rotation plus ou moins rapides des différentes périodes de travail.
Effet du Travail Poste de Nuit (TPN) sur la santé :
Sommeil et Somnolence :
Physiologiquement : Désynchronisation des rythmes circadiens (activité la nuit, condition de sommeil le jour non physiologique : lumière du soleil, température plus élevée, bruit plus important, obligations sociales…) qui entraine:
Ces rythmes de travail sont néfastes sur la vie entière, et pas seulement lors de la période de TPN !
Somnolence : du fait de la désynchronisation des rythmes circadien (éveil au moment ou la pression de sommeil est la plus forte, entre 2 et 5 heures du matin) et de la dette de sommeil. Ces effets agissent également sur la cognition : ralentissement du temps de réaction et augmentation du nombre d’erreurs.
Risques métaboliques et cardiovasculaires :
Syndrome métabolique : il existe plusieurs déterminants:
Plusieurs études de cohortes confirment l’association entre syndrome métabolique et TPN.
Risques cardiovasculaires:
Physiologiquement : la perturbation des rythmes circadiens entraine une forte perturbation des rythmes de pression artérielle et de fréquence cardiaque, avec une perturbation du système autonome cardiaque.
La réduction du temps de sommeil : Augmente le risque d’HTA et de mortalité ou morbidité cardiovasculaire ou cérébrale.
Une méta analyse entre 1983 et 2011, sur 2 millions de personnes, montre un sur risque cardiovasculaire (RR 1.41), pour l’HTA, une méta analyse plus récente retrouve un RR à 1.31 (1.07-1.6).
Avis de l’ANSES : Risque probable de maladie coronarienne, risque possible d’HTA et d’AVC.
Les cancers:
Sur le plan physiologique, cinq mécanismes cancérigènes sont mis en évidence:
Pour le cancer du sein, 24 études, entre 2007 et 2016 ont permis à l’ANSES de considérer l’effet du TPN sur le cancer du sein probable.
Pour les autres cancers (ovaire, poumon, pancréas, colorectaux, prostate) un trop petit nombre d’étude à été réalisé.
TPN et grossesse:
Cinq méta analyses ont retrouvées des risques:
Ainsi, le TPN est déconseillé à partir de 12 semaines d’aménorrhées. Les femmes enceintes ont une possibilité de travail de jour pour toute la période de grossesse (obligatoire) si elles ou le médecin du travail le demande.
Au niveau de la médecine du travail:
Prévention primaire:
Il s’agit de limiter les effets du TPN sur la santé et le bien être des travailleurs.
Les mesures à mettre en place sont les suivantes:
Ces recommandations sont résumés sur cette figure de la SFRMS:
Prévention secondaire:
Elle est effectuée lors des visites de médecine du travail.
Avant 2016, celles ci avaient lieu tous les 6 mois minimum. Depuis janvier 2017, le suivi est individualisé, avec un espacement de 3 ans maximum entre deux visites.
Le groupe d’expert de la SFRMS préconise un suivi tous les ans au minimum. Un bilan approfondi sur les facteurs de risques cardiovasculaires et les troubles du sommeil est recommandé à l’embauche et après 5 ans d’exposition (et plus selon le bilan individualisé).
Les outils de prévention secondaire sont résumé sur cette figure de la SFRMS:
Reconnaissance en tant que maladie professionnelle:
Il n’y a pas de maladie professionnelle au tableau sur le travail de nuit actuellement même si les données scientifiques convergent vers la création d’un tableau de maladie professionnelle spécifique.
Il reste possible de soumettre un dossier, l’imputabilité au travail de nuit sera décidée par les comités régionaux.
Comment limiter ces risques pour le travailleur:
Comme vu plus haut, une grande partie de la gestion de ces risques ne dépend pas de l’individu mais de l’organisation du travail.
Pour le travailleur :
La lumière :
Forte lors du travail, puis de plus en plus faible, et à limiter le plus possible au retour du travail. Environnement dans l’obscurité totale si possible lors du sommeil.
La sieste :
Lors du TPN, une sieste d’une heure trente peut être effectuée pour rattraper la dette de sommeil (exemple : une plage de sommeil de 5h minimum, et un complément par une sieste : une heure trente correspondant le plus souvent à un cycle de sommeil).
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